Et si l’intuition se manifestait dans toutes les formes de vie ?

Et si l’intuition ne se limitait pas à l’être humain ? Et si elle se manifestait, discrètement mais puissamment, dans toutes les formes de vie ? Ce que nous appelons intuition — cette capacité à percevoir sans raisonnement, à capter une direction sans passer par l’analyse — semble traverser les espèces, les règnes, les formes de conscience.

Une sensibilité subtile

Chez les plantes, des expériences montrent une forme de perception sans contact, sans lumière, sans odeur. Par exemple, des graines de piment réagissent à la seule présence d’un voisin (même isolé hermétiquement), modifiant leur croissance selon son identité. Nous ne savons pas encore ce qu’elles perçoivent. Mais elles perçoivent. Et elles agissent en fonction de ce perçu.

Le blob (Physarum polycephalum), une amibe géante, sans système nerveux, « résout » des labyrinthes, choisit le chemin le plus court entre deux sources de nourriture, apprend à éviter des substances désagréables, et conserve cette mémoire. Le vivant s’organise, s’ajuste, s’oriente. Il sait.

Anticiper l’instant d’après

Le biologiste Fernando Alvarez a montré que des pinsons manifestent un comportement d’alarme quelques secondes avant la diffusion d’une image de serpent. Aucun signal visible ou sonore ne permettait d’anticiper ce danger.

Des résultats similaires ont été obtenus avec des vers aquatiques. Cela rappelle chez l’humain ces pressentiments où le corps réagit avant qu’un événement n’ait lieu.
S’agit-il d’une « simple » anticipation biologique ? D’une sensibilité à un champ d’information global ? D’une conscience du vivant hors du temps linéaire ? Ce qui est aujourd’hui certain, c’est que le vivant répond au monde avant que celui-ci ne se manifeste entièrement.

Des liens invisibles

Rupert Sheldrake a documenté des cas de chiens qui semblent « savoir » quand leur maître rentre, même à des horaires aléatoires, imprévisibles. Que l’on adhère ou non à sa théorie des champs morphiques, ces recherches nous invitent à nous questionner : et si le vivant était relié de manière plus subtile qu’on ne l’imagine ?

Une intelligence qui ne calcule pas

Ce que nous révèle l’intuition du vivant, c’est peut-être cela : une intelligence sans calcul, sans langage, mais avec présence. Une capacité à s’ajuster, à ressentir ce qui est juste ou dangereux, ce qui appelle l’évitement ou l’élan. Une écoute globale de ce qui est ou sera.
Dans nos pratiques d’intuition humaine, nous retrouvons cette connaissance première. Quand nous laissons notre corps percevoir, quand nous suivons une sensation subtile, une direction intérieure, nous agissons parfois comme une plante ou un oiseau.

Une invitation à écouter autrement

L’intuition n’est pas un privilège humain. C’est une qualité fondamentale du vivant. Elle ne s’oppose pas à la raison ; elle en est le sol fertile. Elle ne prouve pas, elle oriente. Elle ne démontre pas, elle révèle.
Revenir à cette écoute, c’est renouer avec une manière d’être au monde plus fine, plus subtile, plus reliée. Une manière de penser avec le vivant.
Que cette graine de savoir pousse en nous, Humains.

Crédits photo : d97jro (Pixabay), David Levinson (Pexels), Anubhav Arora (Unsplash)


Laisser un commentaire

Pin It on Pinterest

Share This